Je vous présente la digue du Curnic.
Une première digue est construite, entre la pointe de Beg ar Skeiz et la pointe du Dibennou, de 1830 à 1832, mais elle est détruite par une tempête dès 1833.
Puis, une deuxième digue est construite en retrait de la première de 1834 à 1836 : elle est d’une longueur de 600 m, et a résisté depuis lors aux marées et aux tempêtes, espérons pour longemps encore 😕
« clic » sur photo pour voir en grand.
Pour en savoir plus sur la vie de cette digue, voici un extrait du document d’objectif du site de Guissény réf. FR5300043 :
Jusqu’au début du 19ème siècle, la mer s’étendait dans la baie de Porsolier jusqu’à la falaise morte. Cette large baie était encadrée à l’est par la presqu’île du Curnic, à l’ouest par la pointe de Nodéven-Dibennou et au sud par la falaise.
A la recherche de nouvelles terres agricoles à exploiter, Madame Merven finança la construction d’une digue barrant totalement l’anse, de la pointe du Curnic (Beg ar Skeiz) à celle du Dibennou. Cette tentative se solda par un échec puisque la digue céda sous la pression d’une tempête le 13 octobre 1833.
Le projet fut aussitôt repris et il fut construit un nouvel ouvrage en retrait du premier de quelques centaines de mètres. Cette digue fut terminée le 18 septembre 1834. Elle a longtemps été entretenue par les habitants sous forme de corvées. Depuis, elle a résisté aux tempêtes mais l’assèchement du polder en arrière a posé des problèmes. Les eaux continentales s’écoulaient mal par les vannes à clapets implantées à l’est (le sable s’accumulant dans l’anse de Porsolier venait obstruer les clapets). On construisit alors un mur à l’ouest des vannes, afin d’arrêter le transit sédimentaire, ce qui détermina la formation d’une dune sur la partie orientale de la digue. Un réseau de canaux de drainage fut mis en place mais cela n’empêcha pas un étang peu profond de subsister au sud de la digue. Plus récemment, en 1974, les sables occupant le polder du Curnic ont été exploités. L’étang a été recreusé et sa surface augmentée. (c’est l’actuel Marais du Curnic, que vous pouvez voir ou revoir en cliquant sur la miniature photo).
Des bassins ont également été créés à l’est pour élever des poissons (ce projet d’aquaculture a avorté).
Après la cessation d’activité de la carrière de sable, la digue et les terrains au sud furent rachetés par le Conservatoire du Littoral en 1997.
La digue devait être construite tout en pierre. En réalité, elle a été construite à l’aide de moellons qui devaient être à l’origine liés par de l’argile et/ou un mortier de chaux. Entre ces deux murs parallèles, on a déversé du sable provenant de l’estran.
La digue était très vulnérable du fait de son mode de construction et du manque d’entretien. Il suffirait de quelques brèches simultanées dans le parement externe (nord) et les vagues dégageraient alors rapidement le coeur sableux de l’ouvrage. Le parement interne (sud) mieux construit offrirait cependant un seuil de garantie temporaire mais du fait de sa perméabilité, les eaux marines pourraient rapidement verser dans le polder. Dans le contexte actuel, sans modification de la dynamique du site, ni événement climatique catastrophique, le mauvais état général du parement nord de l’ouvrage fait craindre une dégradation rapide de la digue.



Fin 1998, un état des lieux est fait sur la digue par l’Université de Bretagne Occidentale et il est proposé plusieurs solutions pour sa rénovation. Le projet de restauration retenu est inspiré des caractéristiques des cordons naturels de galets. Il a les caractéristiques techniques suivantes :
– renforcement par adossement d’un empierrement à faible pente 1/5 à 1/7 d’une largeur à la base de 3 à 5m. Taille des blocs de roches maximum : 50 à 80 kg en appuis de la digue. En
masse et en surface, les blocs sont de taille beaucoup plus réduite : de quelques centaines de grammes à quelques kg.
– assemblage et taille des matériaux hétérogènes
– épis courts en queue de rat de 6 à 8 m de long délimitant des caissons de galets artificiels
– parement de la digue reconstruit à l’identique, en pierre sèche (avec joints en colle-ciment).
Une partie expérimentale de ces travaux a été mise en place en juillet 1999 sur 100m., à partir de la cale à l’ouest. Après un suivi en période hivernale, il a été constaté un bon comportement du système avec accumulation de sable conséquent en haut de plage. L’accumulation éolienne permet le recouvrement progressif des épis. La digue semble moins menacée par les vagues et le ressac. Les travaux complémentaires de restauration du parement nord de la digue ont été entrepris en septembre 2001 par le Conservatoire du Littoral et seront terminés en janvier 2002. L’édifice sera alors hors de danger pour quelques dizaines d’années et un entretien dans l’avenir sera indispensable.
Une autre phase de travaux permettra le renforcement du pied de digue. La protection de l’écoulement de l’eau par le canal de sortie est actuellement en phase d’étude.
Il est indispensable de rappeler ici le problème du relèvement du niveau marin, estimé à 50 cm dans le siècle à venir. Quelle stratégie permettra d’anticiper ce phénomène afin de conserver les habitats protégés aujourd’hui par la digue ?
Pour sa part le Conservatoire du Littoral n’envisagerait pas de rehaussement de la digue. Le devenir et long et très long terme du polder est donc posé.
Cf schéma1









Très intéressants ! cela me fait penser un peu à la Camargue avec les Roubines et les clapets qu’ils doivent ouvrir pour irriguer les rizières …excuse je dévie sur ton sujet car je ne parle pas de digues !!! j’aime beaucoup les trois premières photos 😉 merci Danièle c’est toujours un plaisir de passer chez toi 🙂
Je ne connaissais pas du tout ce lieu alors merci pour cette intéressante présentation. J’aime quand on apprend aussi des choses sur un lieu.
Ton reportage photo étaye très bien ce documentaire, des photos douceur pour la plupart, comme peut l’être aussi notre Bretagne.
Un lieu que j’ai cette année exploité – photographiquement parlant 😉 – plus que les autres étés ! et qui s’est révélé superbe sous le soleil de fin de journée 😛